Une dynamique croissante au cœur de la ville
L’émergence d’un mouvement citoyen et écologique
Depuis une dizaine d’années, Bruxelles assiste à un véritable foisonnement de projets d’agriculture urbaine. Des jardins partagés aux potagers collectifs, des microfermes aux serres sur les toits, les initiatives fleurissent dans tous les quartiers. Portées par des citoyens engagés, ces actions répondent à un besoin croissant de reconnexion à la nature, de production locale et de résilience alimentaire. La pandémie de COVID-19 et les vagues de chaleur successives ont renforcé cet élan, soulignant la nécessité de modèles durables et décentralisés.
Chiffres clés de l’agriculture urbaine à Bruxelles
La région bruxelloise compte aujourd’hui environ 38 fermes urbaines, une cinquantaine de projets en production et plus de 150 initiatives citoyennes en cours. Ces chiffres illustrent un secteur en plein essor, où les surfaces cultivées augmentent chaque année. En parallèle, de plus en plus de Bruxellois s’inscrivent à des ateliers de jardinage, participent à des récoltes collectives ou s’impliquent dans la gouvernance de projets alimentaires locaux.
Une ville fertile : sols, toits et friches réinvestis
L’espace urbain, souvent perçu comme hostile à la culture, regorge pourtant de ressources sous-utilisées : friches, toitures, cours d’écoles, interstices entre bâtiments. Ces lieux sont désormais vus comme autant d’opportunités pour produire, composter, semer et récolter. Bruxelles devient ainsi un terrain d’expérimentation où l’agriculture se mêle à l’urbanisme, réinventant les usages et les paysages.
Une politique publique en faveur de la transition alimentaire
La stratégie Good Food : soutenir et structurer
Lancée en 2015, la stratégie Good Food de la Région de Bruxelles-Capitale vise à promouvoir une alimentation durable, locale et respectueuse de l’environnement. Elle soutient l’agriculture urbaine à travers des aides financières, des appels à projets, des formations, et un accompagnement technique. La version 2.0 du plan, lancée en 2022, renforce ces actions et place la souveraineté alimentaire au cœur des politiques publiques.
Le Plan Climat 2030 : 10 hectares supplémentaires en vue
Dans le cadre de son Plan Climat, la Région s’est fixé un objectif ambitieux : atteindre 10 hectares supplémentaires d’agriculture urbaine d’ici 2030. Cet engagement se traduit par la mise à disposition de terrains publics, la facilitation de projets d’agriculture verticale et la sensibilisation du grand public. L’agriculture urbaine est ainsi pleinement intégrée aux stratégies de lutte contre le changement climatique.
Les leviers institutionnels : financements, appels à projets, sensibilisation
Outre Good Food, d’autres dispositifs soutiennent la dynamique : BeCircular, le budget participatif de Bruxelles Environnement, ou encore des programmes européens tels que URBACT. Des outils concrets sont mis à disposition des porteurs de projet, qui bénéficient d’un accompagnement dès la phase d’idéation.
Des projets innovants et inspirants
La Ferme du Chant des Cailles : agriculture et cohésion sociale
Située à Watermael-Boitsfort, la Ferme du Chant des Cailles incarne parfaitement l’esprit de l’agriculture urbaine bruxelloise. Ce projet agroécologique mêle cultures maraîchères, élevage, verger et espace de vie communautaire. Plus de 250 riverains y participent activement, faisant de la ferme un lieu de production, d’éducation et de lien social. En tant que projet autogéré, elle illustre le potentiel de gouvernance citoyenne en milieu urbain.
Parckfarm Tour & Taxis : quand le parc devient potager
Installée sur le site réhabilité de Tour & Taxis, Parckfarm est un exemple de réappropriation collective de l’espace public. Ce « parc comestible » combine potager participatif, cuisine partagée, événements culturels et pédagogie environnementale. Ouverte à tous, Parckfarm propose chaque semaine des ateliers, repas partagés et actions de quartier, renforçant les liens humains autour de l’alimentation.
BIGH, Eclo, et les nouvelles technologies agricoles urbaines
À côté des projets citoyens, des structures innovantes adoptent des technologies agricoles de pointe. La ferme BIGH, installée sur le toit du marché Foodmet à Anderlecht, combine aquaponie, énergie circulaire et production zéro déchet. De son côté, Eclo cultive des champignons et des micro-pousses dans les caves de Cureghem. Ces modèles hybrides prouvent que innovation technologique et durabilité peuvent aller de pair.
Bénéfices multiples et défis persistants
Une réponse locale à des enjeux globaux : climat, alimentation, inclusion
L’agriculture urbaine contribue à atténuer les effets du changement climatique (îlots de fraîcheur, stockage du carbone), à renforcer la souveraineté alimentaire et à favoriser le vivre-ensemble. Elle crée de l’emploi local, redonne du sens au travail de la terre et améliore l’accès à une alimentation saine et abordable, en particulier dans les quartiers populaires.
Les freins actuels : foncier, météo, réglementation, viabilité économique
Malgré son essor, le secteur fait face à plusieurs obstacles : accès difficile au foncier, conditions climatiques extrêmes (pluies intenses, sécheresses), cadres juridiques inadaptés, et modèles économiques fragiles. Beaucoup de projets dépendent de subventions, et peinent à assurer leur viabilité à long terme. Une meilleure reconnaissance institutionnelle et des mécanismes de soutien pérennes restent nécessaires.
Les perspectives de développement : formation, coopération, innovations
Pour renforcer la filière, il est crucial de développer la formation professionnelle, de favoriser les coopérations entre acteurs (agriculteurs, urbanistes, écoles, entreprises) et d’explorer de nouvelles approches (hydroponie, myciculture, permaculture urbaine). Bruxelles, en tant que capitale européenne, a l’opportunité de devenir un modèle inspirant d’agriculture urbaine intégrée.
Conclusion
Une ville qui se réinvente à travers la terre
L’agriculture urbaine à Bruxelles ne relève plus de l’utopie : elle est une réalité tangible, diverse, résiliente. Elle reconnecte les habitants à leur territoire, redonne du sens à l’espace urbain, et participe activement à la transition écologique. En cultivant la ville, les Bruxellois cultivent aussi leur avenir.
Agriculture urbaine : une tendance appelée à durer
Si les défis sont nombreux, les bénéfices humains, sociaux et environnementaux sont immenses. Soutenir l’agriculture urbaine, c’est investir dans une ville plus durable, plus solidaire et plus vivante.
FAQ – Agriculture urbaine à Bruxelles
Qu’est-ce que l’agriculture urbaine ?
C’est l’ensemble des pratiques agricoles menées en ville : potagers collectifs, fermes sur les toits, cultures en bacs ou en serres, souvent avec des objectifs écologiques, éducatifs ou sociaux.
Combien de projets d’agriculture urbaine existe-t-il à Bruxelles ?
On recense environ 38 fermes urbaines, 50 projets en activité et plus de 150 initiatives citoyennes.
Quels sont les avantages de l’agriculture urbaine ?
Elle favorise la production locale, améliore l’environnement, renforce les liens sociaux, crée de l’emploi et réduit l’empreinte carbone.
Quels sont les défis à surmonter ?
L’accès au foncier, les conditions météorologiques extrêmes, les règles d’urbanisme, et la viabilité économique sont les principaux freins actuels.
Comment soutenir l’agriculture urbaine à Bruxelles ?
En rejoignant un projet local, en participant à des formations, en soutenant les producteurs, ou en proposant un terrain via la plateforme Good Food.
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